Évaluer la dose
Le raisonnement de la fertilisation azotée est fondé sur la méthode du bilan prévisionnel pour les cultures annuelles.
Son principe est d'équilibrer les besoins prévisibles des cultures avec les fournitures d'azote de toutes origines dans le sol.
Pour calculer le besoin total en azote de la culture, il faut évaluer objectivement le rendement accessible sur une parcelle donnée et disposer du besoin spécifique par unité de rendement (en kg de N/q ou t).
Pour connaître le besoin par quintal ou tonne produite, des références par espèce, sont disponibles (COMIFER, Instituts Techniques). Le besoin du blé tendre varie autour d'une moyenne de 3 kg d'azote par quintal de rendement, il est précisé par variété selon leur potentiel.
Beaucoup de progrès ont été faits pour mieux connaître les fournitures d'azote du sol et des effluents organiques.
Le reliquat d'azote minéral disponible dans le sol à la sortie de l'hiver ou juste avant l'implantation d'une culture de printemps est maintenant couramment analysé à trois profondeurs sur les parcelles de cultures. Des références régionales par type de sol peuvent être déduites chaque année de ces observations et permettent de moduler la dose et la date du premier apport d'azote.
L'azote minéralisé à partir de la matière organique du sol doit être pris en compte s'il est libéré pendant la période de croissance de la plante. Les cultures de printemps comme la betterave sucrière ou le maïs grain peuvent utiliser une grande partie de l'azote minéralisé durant l'été. Les cultures d'hiver n'utilisent qu'une faible partie de l'azote minéralisé en fin de printemps.
L'azote libéré par les effluents d'élevage ou d'autres produits organiques doit être quantifié (pesée des remorques et analyse de l'effluent). Une partie de l'azote est sous forme minérale, l'autre est sous forme organique et doit d'abord être minéralisée en fin de printemps.
Les effluents liquides
Type lisier, purin ou boues comportent une fraction minérale sous forme ammoniacale qui peut subir des pertes par volatilisation d'ammoniac allant jusqu'à 50% de leur valeur en azote, voire plus. Pour réduire ces pertes et comptabiliser un apport précis au bilan, le matériel d'épandage doit permettre l'enfouissement ou au minimum l'apport au ras du sol par une rampe avec des pendillards.
Les effluents solides
Type fumier ou compost comportent des fractions d'azote minérale et organique de composition variable dont seule la partie minéralisable est disponible pour la culture. Les effluents d'élevage permettent de recycler l'azote et d'autres éléments minéraux sur l'exploitation, mais leur gestion est complexe. Leur composition peu concentrée est variable et la libération de l'azote sous forme minérale est difficile à prédire.
La dose d'azote minéral assure précisément le complément entre les besoins de la culture et toutes les autres fournitures d'azote du sol et des effluents organiques. Un bilan bien ajusté doit laisser un minimum d'azote minéral dans le sol à la récolte.