Tous les engrais azotés délivrent-ils les mêmes performances en grandes cultures ?
Cette question doit être abordée à travers une approche globale.
Tous les aspects doivent être étudiés simultanément :
- performance agronomique, évaluée à travers le rendement et les critères de qualités : teneur en protéines, en huile…,
- performance économique : rentabilité pour l’agriculteur, diminution du coût de production,
- performance environnementale : limitation des impacts liés aux fuites d’azote dans l’eau et dans l’air.
Aujourd’hui, analyser la performance agronomique d’un engrais azoté sans intégrer son empreinte environnementale est une faute majeure qui éloigne de la démarche agro-écologique et l’agriculture durable.
Dans une approche responsable il est indispensable que l’efficacité de chaque kg d’azote minéral apportée soit maximale pour sa transformation en protéines dans les récoltes. Chaque unité d’azote absorbé par la plante est une unité qui ne risque pas d’être perdue inutilement dans l’eau ou dans l’air.
Ammonitrates et solution azotée
Dans les années 90, Yara France en collaboration avec Arvalis a apporté la démonstration de la plus grande efficacité de l’ammonitrate sur blé comparativement à la solution azotée. Cette étude portant sur plus de 120 essais a démontré que :
- un gain de rendement moyen significatif de 2 à 4 q/ha selon le type de sol à la dose d’azote optimum
- une absorption plus élevée de 30 kg de N /ha
- une augmentation de 0.8% de la teneur en protéines du grain
Pour atteindre des résultats équivalent à ceux de l’ammonitrate, la solution azotée devait être surdosée de 10 à 15% ce qui n’est plus autorisée de façon systématique dans les 5e programmes d’action en application de la directive européenne sur les nitrates.
D’autres résultats d’essais en comparaison avec l’urée
Les expérimentations menées par Yara France et l’AGPM sur une vingtaine d’essais en maïs ont également apporté la preuve de la meilleure efficacité de l’ammonitrate comparée à l’urée apportée en surface sur le sol. A la dose du bilan prévisionnel (180 kg N par hectare en moyenne), c’est plus de 5 q/ha supplémentaire obtenu avec l’ammonitrate. Des essais plus récents ont également montré que l’enfouissement profond de l’urée (10-15 cm) au moment des apports permettait d’améliorer l’efficacité de l’urée de plus de 3.3 q/ha sans toutefois permettre de compenser totalement la différence de rendement avec l’ammonitrate.
Enfin, les essais menés par Yara entre 2008 et 2012 sur une vingtaine de sites ont apportés la confirmation que les constats menés sur céréales à paille et maïs grain s’appliquaient également au colza. En effet, l’ammonitrate s’avère supérieur à la solution azotée et à l’urée tant du point de vue du rendement et de la quantité d’huile produite que de la quantité d’azote absorbé. A la dose du bilan prévisionnel apportée par l’agriculteur, l’ammonitrate enregistre un gain de rendement de 1.4 & 2.3 q/ha respectivement par rapport à l’urée et à la solution azotée. Les quantités d’azote absorbé sont supérieures de 17 & 35 kg N/ha avec l’ammonitrate.
Les augmentations de doses d’azote requises avec l’urée et la solution azotée, entre 10 et 20% selon les cultures, pour obtenir en moyenne les mêmes performances qu’avec les ammonitrates montrent qu’on n’atteint pas le même résultat économique alors que le coût des externalités négatives liées aux impacts des pertes d’azote dans l’air et l’eau augmente. La performance agronomique des ammonitrates s’accompagne d’un moindre impact sur l’environnement et d’une performance économique au moins égale avec les autres engrais azotés.